Mercredi 18 juin 💭

Elles sont parfois comparées à un hamster, tournant inlassablement dans sa roue, à l’intérieur de notre tête. Elles, ce sont nos pensées bien sûr. 

Comment apprendre à les mettre à distance lorsqu’elles se font trop envahissantes ? C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre grâce à l’expertise d’Aurélie Guyot, praticienne en hypnose et Experte monMARTIN.

• Aurélie, vous êtes praticienne en hypnose ericksonienne, pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

"En hypnose ericksonienne, on considère que la personne accompagnée a déjà toutes les ressources en elle pour changer et évoluer. On la questionne pour l’aider à trouver ses propres solutions mais on n’impose rien du tout. Cette forme d’hypnose se distingue de l’hypnose directe ou de spectacle au cours de laquelle les personnes reçoivent des directives".

• Quel regard porte-t-on sur les pensées en hypnose ?

"Bien souvent, quand on est confronté à une problématique, on utilise toujours le même mode de pensée pour tenter de la résoudre. Ainsi, les pensées répétitives pourraient être comparées aux sillons qui se creusent dans un champ lorsque l’on emprunte constamment le même chemin.
Or, on sait que quand on roule dans un sillon, il est difficile de s’en écarter. De ce fait, notre but en hypnose, c’est d’aider les personnes à prendre du recul, de la hauteur pour comprendre qu’il existe d’autres chemins possibles".

• Est-il possible de les contrôler ?

"On ne peut pas arrêter de penser. Les articles que j’ai lus sur le sujet affirment que l’on aurait entre 20 000 et 50 000 pensées par jour ! Par contre, il faut savoir qu’une pensée a une durée de vie très limitée dès lors qu’on la laisse traverser notre esprit et qu’on ne s’accroche pas à elle.
Je dirais donc qu’il n’est pas possible de contrôler ses pensées mais que l’on peut apprendre à les laisser filer ou à les orienter, notamment lorsque nous sommes confrontés à des pensées qui ne nous sont pas bénéfiques, comme les ruminations par exemple".

• Quelle attitude adopter lorsque notre mental s’emballe et nous empêche de nous concentrer sur une tâche ?

"D’abord, il faut respirer car, bien souvent, quand notre esprit est assailli de pensées on ressent du stress. Il faut veiller à expirer doucement : lorsque les expirations sont plus longues que les inspirations, on active notre système nerveux parasympathique, celui de la détente.

Dans un second temps, on peut aussi prendre un papier, un crayon et laisser s’exprimer librement nos ruminations pendant une durée préalablement définie, disons 5 minutes par exemple. Généralement, notre mental s’emballe parce que l’on pense au passé ou que l’on se projette dans le futur. Une fois toutes nos pensées couchées sur le papier, on peut donc réaliser qu’elles ne concernent pas le présent et qu’elles nous sont très peu utiles à cet instant précis".

• Auriez-vous un exercice à nous conseiller pour calmer notre mental ?

"Oui, pour calmer son mental, je conseille, entre autres, de pratiquer la visualisation du sac-à-dos. Le principe est simple : après avoir posé son attention sur sa respiration durant quelques minutes pour s’apaiser, il s’agit d’imaginer que l’on porte un sac-à-dos contenant toutes les choses qui occupent notre esprit et nous entravent. 

À l’aide de notre main, on va alors retirer ces choses les unes après les autres et les déposer dans un tiroir que l’on fermera ensuite à clé ou encore dans une montgolfière que l’on laissera s’envoler. Peu importe les formes que ces choses prennent, les images qui nous viennent à l’esprit… Pour certains, les soucis du quotidien ressemblent à une épaisse fumée noire. Pour d’autres, l’anxiété à l’idée de prendre la parole en public est associée à un serpent. 

Il ne faut pas chercher à comprendre ! L’important, c’est juste de retirer ces choses de notre sac-à-dos et de prendre conscience de la manière dont il s’allège peu à peu. Pour cela, il faut donc revenir régulièrement à nos ressentis intérieurs et observer ce qui change dans notre corps et notre esprit.

Une autre variante consiste à visualiser ses pensées dans l’espace, autour de soi, et à identifier l’outil capable de les disperser. Certains s’empareront alors d’une paire de ciseaux pour couper les liens qui relient ces pensées entre elles, d’autres imagineront qu’une grande tornade les emporte au loin ou encore qu’un aspirateur les avale… 

La solution est propre à chacun et il faut accepter, sans jugement, la forme qu’elle prend".